Commentaire – « Le cinéma est mort » clamait Freddy Buache devant ses étudiants de l’Université de Lausanne, une année avant son décès. Pour cet homme, ce personnage qui a tant œuvré pour le cinéma suisse, le 7ème art avait rendu son dernier souffle avec la digitalisation à la fin des années 1990. Ou son cinéma en tout cas, qu’il adorait d’ailleurs faire à ses élèves.
Aujourd’hui, le débat est relancé avec Netflix et les plateformes de streaming. Sonnent-elles le glas du cinéma ? Les salles souffrent. En 1980, 21 millions d’entrées étaient enregistrées en Suisse contre 12,5 millions en 2019. S’ensuit la crise sanitaire et l’exploitation seulement partielle de leurs infrastructures. Un malheur pour les salles de cinéma, une aubaine pour les plateformes en ligne. D’avril à juin, en pleine pandémie, Netflix a gagné 10 millions d’abonnés payants. Le public n’a pas pu aller au cinéma, mais il a continué à assouvir sa passion. Juste autrement. En ligne. Pour voir plus de contenu, en moins de temps. Et passer plus de temps au cinéma, sans avoir à s’y rendre.
En mai 2020, Amazon, qui détient la plateforme Amazon Prime, est également montée d’un cran. En rachetant le studio MGM, le géant américain a mis la main sur un immense catalogue. Les « James Bond », « Robocop », « Raging Bull », entre autres. Une nouvelle victoire pour les plateformes sur l’industrie cinématographique. En conquérant l’avenir, elles acquièrent le passé glorieux du 7ème art. D’une pierre deux coups.
Parallèlement, Netflix produit et rachète des séries et des films tout autour du monde pour toucher un plus large public et agrandir son catalogue en ligne. Son but ? Être sur nos écrans. Tous nos écrans. Quitte même à racheter quelques salles de cinéma aux Etats-Unis. Les mêmes qui souffrent en Suisse et autour du monde. Mais à l’heure de la digitalisation, les films et les séries sont projetés partout. Sur un écran de cinéma, un ordinateur, une tablette et même sur notre smartphone… qui nous accompagne partout dans notre poche. La mort du cinéma ressemblerait-elle à ça ? Ou vivons-nous au contraire son apogée ?
Par Geoffroy Brändlin
Crédits photo © KEYSTONE ATS
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “Atelier presse”, dont l’enseignement est dispensé collaboration avec le CFJM, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.