Inquiets pour l’avenir du journalisme à l’heure des intelligences artificielles, nous sommes allés recueillir l’avis d’un expert. Faute de réellement nous rassurer, il nous a offert la vision d’un avenir moins sombre.
La première partie de l’article !
Chris Collins est juge et partie dans l’affaire des robots-journalistes, dans la mesure où il est coordinateur des développements technologiques en matière de Breaking News pour le compte du géant américain de la presse Bloomberg.
Celui qui se présente comme un journaliste et non un ingénieur se veut résolument optimiste: pour lui, humains et robots travailleront bientôt main dans la main pour produire des contenus meilleurs.
La conférence de M. Collins avait pour but avoué de rassurer les journalistes quant aux salles de rédaction du futur. L’homme n’ignore pas les inquiétudes que nourrissent les professionnels, même outre-Atlantique, au sujet de la robotisation du journalisme.
Collaboration ou remplacement ?
Voici la teneur de son exposé: tout d’abord, la technologie a toujours été partie prenante de l’histoire du journalisme, et n’a jamais manqué de susciter des inquiétudes dans le métier. À l’image des machines d’impression toujours plus sophistiquées, ces technologies ont eu pour principal effet de faire gagner du temps.
“Dans ce marché très concurrentiel, nous avons besoin d’être les premiers sur l’information”, affirme Chris Collins.
Les intelligences artificielles (IA) sont donc avant tout un moyen d’être plus efficace et d’accélérer la couverture d’un évènement. Ainsi, elles facilitent le repérage à partir d’un algorithme ou la publication simultanée en plusieurs langues grâce à la traduction automatique. À l’avenir, les machines seront capables de trouver dans le Big Data, soit les données massives, des sujets et de les proposer aux rédacteurs.
Présenté ainsi, l’avènement de l’intelligence artificielle dans le journalisme semble tout bonnement merveilleux. À condition d’adhérer aux propos de Chris Collins qui stipule :”On aura toujours besoin des journalistes pour leur esprit critique, leur capacité de jugement quant à la qualité et à l’authenticité des news”.
Soit, mais l’IA “Syllabs”, développée en collaboration avec le journal Le Monde, produit jusqu’à 1.3 millions d’articles par jour. Qui se chargera de vérifier la pertinence de l’ensemble de ces contenus? Force est de constater que le robot travaille de manière autonome et se passe d’assistance humaine en matière d’écriture et de contrôle éditorial.
Toujours plus vite
Si les robots comme “Syllabs” peuvent accomplir le travail des journalistes de A à Z, à quoi serviront les humains? “On aura aussi besoin des humains pour la maintenance des machines”. Hourra, nous sommes sauvés!
Quoi qu’il en soit, la volonté affichée par le représentant de Bloomberg d’accélérer le processus de production de l’information par l’entremise des IA est le symptôme d’une société prisonnière d’une course sans fin. Même si le développement technologique des salles de rédaction pourrait sauver la profession à condition de correspondre exactement aux prévisions de Chris Collins, il confirme aussi l’obsolescence de la presse papier avec des délais d’impression et de distribution qui l’empêcheront d’être compétitive dans la course effrénée à l’information. D’ailleurs, une étude relayée par l’Express prophétise la fin du journalisme papier pour 2040!
Nous nous inquiétons pour l’indépendance du journalisme s’il venait à être confié aux robots. Mais traitons le problème à l’envers: et si la non-humanité des IA pouvait nous sauver des faiblesses inhérentes au genre humain?