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La photo pour montrer l’humain malgré la guerre

Que ce soit en Libye, Syrie, République Démocratique du Congo (RDC), Myanmar ou Afghanistan, des reporters et photographes risquent leur vie pour couvrir les plus grands conflits. Mais comment relayer la guerre et quel visage lui donner? Rencontre avec Paul Conroy et Nicole Tung, deux photojournalistes de guerre, qui soutiennent une vision engagée de leur métier, du côté des civils.

Une femme, un homme. Une graduée de l’Université de New York, un ancien militaire de l’Artillerie royale. Mais leurs vingt ans d’écart ne les empêchent pas de partager la même vision du métier. Ils prônent tous deux un photojournalisme qui construit des ponts, un journalisme qui met en lumière les histoires individuelles, des histoires qui humanisent les conflits les plus ravageurs. Leur engagement les pousse à prendre des risques, parfois démesurés, pour témoigner d’une réalité destructrice.

Humaniser

Photographe indépendant et cinéaste, Paul Conroy a collaboré avec la correspondante du Sunday Times, Marie Colvin. La journaliste a été tuée à la suite d’une attaque ciblée, perpétrée par l’armée syrienne, alors qu’ils couvraient la Révolution. Très marqué par cet événement, le Britannique s’est battu pour prouver la responsabilité du gouvernement syrien qui souhaitait réduire la presse étrangère au silence.

Les méthodes et visions de son amie, qu’il décrit comme “la plus courageuse de l’équipe”, ont marqué son métier. “Les civils ne sont pas juste des chiffres, je veux raconter l’histoire de chacun”, disait-elle. Un engagement du côté des plus démunis qu’il approuve aussi. Selon lui, l’humanisation est au coeur de la photographie car cela permet à tout un chacun de s’identifier à ceux qui sont touchés par la guerre.

“L’idée est de faire comprendre ce qu’est la réalité de la guerre à monsieur tout le monde, à des gens qui boivent leur jus d’orange ou leur café le matin. Il faut donc réussir à capturer la photo qui vaudra mille mots, pour des gens qui sont loin du conflit.”

Paul Conroy

Olalla Pineiro vous propose une sélection de photos réalisées par Paul Conroy.

Élever la voix

“Je ne suis pas là pour donner une voix aux gens, ils en ont une. Mon but c’est de l’élever.”

Nicole Tung

Nicole Tung, journaliste de terrain freelance, était en première ligne des plus grands conflits de ces dernières années : le Printemps arabe, la répercussion de l’Etat islamique, la crise des réfugiés syriens, mais aussi les enfants soldats en RDC. Elle soutient que sa mission est de faire entendre la voix des civils, des plus affectés par le conflit, ceux qui en font partie malgré eux.

” Les gens les plus courageux que j’ai rencontrés durant mon travail, ceux qui m’ont donné espoir étaient des gens ordinaires. Des gens qui n’avaient rien à voir avec la guerre, des enfants, des femmes. Ils me faisaient sentir que leur maison était la mienne.”

Nicole Tung

Ces photojournalistes engagés partent au front pour ramener des images afin de mettre des visages et des histoires sur ces conflits trop souvent ignorés.

 

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Late rains this year compounded Raqqa’s woes, as the city depends on agricultural goods from the farmlands around the area. Seven months after the end of the offensive by the Syrian Democratic Forces and US-led coalition to retake the city from ISIS’s self-proclaimed capital. Hundreds of civilians were killed and many thousands injured. About half of the 400,000 strong population – prior to the June offensive – have moved back to a city devastated by coalition airstrikes, street battles, and unexploded ordinance left behind, in order to try rebuilding their lives despite a dearth of international assistance. May 2018. • • W/ @raphaelgeiger for Stern. #syria #raqqa #photojournalism #leica #aftermath

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Crédits photo mise en avant: ijf19

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