Une alliance fait front commun contre le projet d’élargissement des autoroutes, soumis au vote le 24 novembre. Ses représentants ont dénoncé ce plan à 4,9 milliards de francs, jugé écologiquement et économiquement aberrant.
« Cela ne résoudra rien et déplacera les embouteillages à l’intérieur des villes », a déclaré vendredi Fabien Fivaz, conseiller national (Les Verts). Lors d’une conférence de presse tenue à Neuchâtel, une coalition cantonale a exprimé son opposition à l’élargissement des autoroutes. Le projet fédéral prévoit des aménagements sur six tronçons, notamment l’A1, l’A2 et l’A4, pour un coût de 4,9 milliards de francs. Il vise à réduire l’augmentation du trafic et à réduire les embouteillages.
L’alliance contre l’élargissement se distingue par sa diversité. Huit représentants de partis et d’associations avec des politiques différentes ont participé à la conférence de presse, dont Julien Gressot (POP), Maxime Auchlin (Vert’libéraux) et Dorota Retelska (Greenpeace).
Politique écologique
L’alliance estime que ce projet va à l’encontre des objectifs écologiques de la Suisse. Zoé Nater (Jeunesse socialiste neuchâteloise) a dénoncé une politique « à contre-courant » des efforts environnementaux actuels. Selon elle, le développement des autoroutes favoriserait les automobilistes. Marc Fatton, de l’ATE-NE, a exprimé ses regrets : « À la veille de la COP 16 en Colombie, il est crucial de rappeler qu’aucun pays n’a atteint les objectifs fixés lors de la COP de Paris en 2015. » Il a rappelé qu’un tiers des émissions de gaz à effet de serre proviennent du trafic routier.
Impact économique et agricole
Julien Gressot (POP) a dénoncé le coût élevé du projet. « C’est un véritable gouffre financier. » Il a proposé de réorienter ces fonds vers des priorités plus urgentes pour la collectivité et l’environnement.
Alberto Silva (Uniterre) a, quant à lui, alerté sur les répercussions pour l’agriculture locale. Un bétonnage de 3,7 hectares est prévu pour l’élargissement. « Nous devons protéger nos terres agricoles pour garantir une souveraineté alimentaire », a-t-il déclaré. Il a également souligné que cet aménagement compromettrait la production alimentaire suisse et augmenterait la dépendance aux importations.
Vers une mobilité plus durable
La coalition a proposé un changement de mentalité et de pratique. Mila Meury (SolidaritéS) recommande le covoiturage et le télétravail pour limiter les déplacements. La représentante a cité l’exemple de pays européens où des transports publics abordables encouragent leur utilisation. Elle a ajouté qu’une amélioration des infrastructures pourrait faciliter l’adoption de la mobilité douce. L’alliance a ainsi invité à miser davantage sur le rail.
Pour Zoé Nater, ce refus est un geste significatif, marquant une première étape vers une mobilité plus durable: « Un changement de mentalité prend du temps. Dire non est symbolique et reflète nos convictions. C’est un premier pas. »
Par Manon Savary
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « Atelier presse I », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.