Phrase choc du président du Conseil des États. Dans ces mots, il résume la tendance en Suisse sur le réseau social chez les politiciens : ils découvrent le mouvement sans trop s’y aventurer. La Chambre haute fait encore dans le conservatisme.
Oui, sur les 46 conseillers aux États, seuls 11 ont un compte Twitter actif, alors que d’aucuns disent que c’est l’outil indispensable pour être au fait de l’actualité chaude. Comparé à leurs homologues français, la majorité de nos politiciens sont à la traîne. Surtout par manque de temps et d’envie. Nous avons rencontré le président du Conseil Filippo Lombardi et le conseiller aux États socialiste Didier Berberat, pour lesquels Twitter n’est pas une priorité.
Pour Filippo Lombardi, tweeter est une activité qui prend du temps: «Quand on a le programme que j’ai, on n’arrive pas tellement à suivre la tendance pour bien faire», explique-t-il. Responsable de la Chambre haute de l’Assemblée, l’actuel directeur général de TeleTicino devrait pourtant savoir que les médias d’aujourd’hui sont actifs sur Twitter, aussi pour suivre les politiciens. La chaîne a bien un compte, mais pas très actif non plus avec seulement 482 tweets et 560 followers.
Le cas Didier Berberat
En Suisse romande, le Neuchâtelois Didier Berberat est à la traîne avec Twitter. Il ne s’informe pas ni ne communique dessus: «Je ne suis pas un accro de ce genre de réseaux sociaux, parce qu’il y a d’autres moyens de communiquer, même s’ils sont pratiques. Je suis un tweeteur passif pour l’instant», nous confie Berberat, qui n’a pas tweeté depuis 280 jours.
: l’Ukraine trop « pourrie » pour organiser l’Euro ou la passion du foot prend-elle le dessus? #EnLD” La réponse est malheureusement oui
— DidierBerberat (@berberatdidier) 6 juin 2012
Le dernier tweet du conseiller aux États Didier Berberat, où il interagit avec l’émission En Ligne Directe, suivie par de nombreux tweetos et dans l’air du temps des réseaux sociaux:
Dans un monde où le flux d’informations et l’hypercommunication sont la norme, ne risquent-ils pas de rester sur le bas-côté de l’autoroute politique ? Pas de risque pour nos deux parlementaires, qui sont plutôt sur une aire de repos: «Mon avenir politique est un petit peu devant moi mais surtout derrière moi» admet le socialiste, et au président du Conseil de continuer: «Pour quelqu’un qui commence dans la politique et qui est au début de sa carrière, Twitter est un moyen pour diffuser ce qu’il veut dire, pour faire passer ou faire savoir simplement ce qu’il a fait, ce qu’il pense de ceci ou cela.» Une question de génération et les changements sont lents dans le paysage helvétique. Surtout quand son siège politique est déjà assuré et qu’il n’y a plus besoin de lutter pour se faire une place au soleil bernois.
Une visibilité inutile pour certains
Avec Twitter et Facebook qui envahissent nos écrans, on oublierait presque comment les politiciens faisaient avant. Cela semble loin, et pourtant cela se fait encore, comme en témoigne Didier Berberat: «On est assez visible au Conseil des États sans avoir besoin forcément de ce genre de médias sociaux. La presse romande couvre assez bien les membres politiques romands. Ce qu’il manque un peu, c’est l’aspect interactif. Mais j’ai d’autres moyens d’avoir un contact avec les gens. Beaucoup de gens m’écrivent, me téléphonent. Je suis assez présent dans la rue, donc j’ai des retours concrets.» Dans la lutte pour la visibilité, la plume des journalistes fait encore le poids face au ramage de Twitter.
Connu aussi sous l’avatar @berberatdidier, le conseiller aux États socialiste (NE) c’est : 107 tweets, 125 abonnements pour 401 abonnés (majoritairement des médias ou des journalistes). Il n’avait pas tweeté depuis 280 jours lorsque nous l’avons rencontré le 13 mars. Une disette qu’il a terminée le jour même après notre rencontre : « Vous m’avez rappelé que Twitter existait. J’en ai profité pour écrire quelque chose, mais je ne suis toujours pas un grand consommateur.»
Pas assez de temps, notoriété politique assise, autres moyens de partir à la rencontre des citoyens, travail des journalistes, nos conseillers aux États ont de bonnes excuses pour rester éloignés du tumulte des cui cui du site de microblogging. Et pourtant, nombre de politiciens se sont fait un nid sans l’occuper. Une explication amusée nous est fournie par Lombardi: «Twitter, c’est comme l’ONU, c’est du bidon mais il faut y être.»