Et si on écrivait davantage pour celles et ceux dont on parle?

Décoloniser le journalisme, voici l’un des défis actuels que les médias tentent de relever. Plusieurs méthodes sont à mettre en place dans les rédactions et ont été présentées au festival international du journalisme (IJF) à Perugia.

Toutes les voix ne sont pas égales dans l’espace public. Cela se reflète également dans la sphère médiatique. L’objectivité d’un média, d’un journaliste ou d’une nouvelle en particulier relève davantage d’un idéal que de la réalité.

Décolonisation (n.f.) : mouvement récent qui se focalise sur la déconstruction des productions de savoir considérées comme issues d’un paradigme européocentré. Il se positionne en critique de l’hégémonie occidentale.

Statistiques, catégories employées, traitement médiatique d’un événement, les biais sont nombreux et n’épargnent personne.

Lors de la conférence Decolonizing global media coverage, les intervenants ont dévoilé de nombreux réflexes à adopter au cœur des rédactions. Trois conseils ont été sélectionnés: 

USE MORE WORDS

Qui dit “lutte contre les discriminations dans les médias” dit “attention aux termes que l’on emploie”. Souvent perçues comme des vecteurs de stéréotypes, les catégories sont à manier avec soin. Mais alors, comment éviter des mots tels que culture, ethnie ou pays sous-développés?

Selon Laxmi Parthasarathy, directrice des opérations chez Global Press, la réponse est simple : “use more words”. La conférencière explique que plus les mots sont nombreux, plus le cadre de référence s’élargit. Finalité: le lectorat comprend de quoi on parle et ne tombe pas dans des généralités.

LE JOURNALISME LOCAL EN TANT QU’OUTIL DE COLLABORATION

“Collaborer plutôt que d’en tirer profit”. C’est la manière dont Dina Aboughazala conseille d’appréhender le journalisme local. “Cette méthode profite à tout le monde”, affirme la fondatrice d’EGAB, un média indépendant.

Quant aux avantages, la liste est longue: disposer de meilleures traductions, enrichir la scène médiatique locale, diversifier la nouvelle génération de journalistes formés, etc. Depuis sa création, EGAB multiplie les projets de la sorte, notamment avec Google en 2021.

ATTAQUER LA MAUVAISE REPRÉSENTATION À SA RACINE

Quelle histoire mérite d’être racontée et de quelle manière? D’après Shirish Kulkarni, directeur du Bureau of Investigative Journalism, il est primordial d’aller poser la question aux personnes concernées.

Donner la parole pour mieux la rapporter. Exemple? Shirish Kulkarni salue les méthodes d’IndigiNews, un média indépendant canadien. Après un événement tragique, les journalistes attendent quelques jours avant de demander aux proches ce qui peut, ou non, être raconté.

Crédit photo : Keystone

Par Eva Lombardo

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “Production de formats journalistiques innovants”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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