Pour la 23ème édition du Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF), un atelier est dédié aux enfants. Au programme: sculpture du son. Nous avons suivi trois jeunes créatrices dans cette aventure inédite.
À l’étage d’une librairie indépendante lausannoise, Méryll Ampe, artiste sonore, règle ses synthétiseurs. Il s’apprête à accueillir une poignée d’enfants pour son atelier « Organisme sonore« . Ampe est sculpteur du son: il façonne des bruits comme on travaille l’argile ou le bois. Il les manipule, modèle et assemble pour créer une œuvre d’art à écouter. Organisée par le Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF), cette rencontre le sort de sa zone de confort. Il travaille d’habitude avec des étudiants en école d’art, et c’est pour lui « une grande première » de partager sa vision du son avec de si jeunes novices. Quelques minutes avant le début de l’atelier, il se confie: « J’avoue être un peu nerveux. »
À la découverte de la sculpture sonore
Wajiha, Louna et Élise ont 10 ans. À peine arrivées, elles prennent connaissance du lieu. Sur le plancher grinçant, ni piano ni guitare en vue. Mais des basses, des synthétiseurs et un ensemble d’objets hétéroclites destinés à produire du son: cymbales, harmonica et bol tibétain. Ampe présente les différents synthétiseurs, centraux dans l’expérimentation sonore qu’il propose. Puis vient déjà le moment de se lancer dans la création. Aucune consigne, si ce n’est « expérimenter ». Intimidées par ce joyeux vacarme, les trois filles peinent à se lâcher. Hésitent. Mais Ampe ne cesse de leur répéter: « On est là pour tester. »
« Dans ma tête, quand c’était bruyant, c’était comme une sorte d’explosion de lumière. »
Elise, 10 ans
Après une pause goûter méritée, Ampe propose aux enfants de dessiner leur vision du son. Troquant les synthés pour les stylos, elles continuent de le sculpter. Mais sans un bruit. Les trois jeunes créatrices figent leur expérimentation sonore sur des pages blanches. Sans se consulter, elles écrivent le même mot: « explosion ». Ici et là, des flammes aux couleurs vives et un volcan. « Dans ma tête, quand c’était bruyant, c’était comme une sorte d’explosion de lumière », explique Élise.
« Le son, c’est super cool »
Après trois heures, les oreilles bourdonnent et l’atelier touche à sa fin. L’agitation gagne les filles: c’est l’heure du concert. On aligne des chaises devant les instruments. Peu à peu, la salle se remplit des familles venues soutenir les jeunes artistes. Sous l’œil attentif et surtout curieux des parents, Ampe prodigue ses derniers conseils. Puis, silence. Le concert commence. Pendant plusieurs minutes, les trois enfants improvisent sur les synthétiseurs, visages concentrés. À la fin de la session, c’est l’explosion d’applaudissements.
De cette expérience originale, Louna ne retient qu’une leçon: « le son, c’est super cool. » Pour les enfants, sculpter le son représente définitivement une découverte étonnante. « Seulement en tournant un bouton, pouvoir changer complètement le son, c’est quand même incroyable », lâche Élise. De son côté, Méryll Ampe se réjouit de l’implication de ses jeunes disciples. Il espère avoir transmis son univers avec succès. « J’aimerais qu’elles retiennent des nouvelles sensations, de la curiosité et le souvenir d’une expérience inédite. » En sortant de cet atelier, ces artistes en herbe auront découvert qu’avec un peu d’écoute et beaucoup d’imagination, le son peut devenir une véritable œuvre d’art.