L’emprise des algorithmes sur les réseaux sociaux et les derniers scandales qui s’y rapportent obligent à repenser le système des médias. La réorganisation des newsrooms semble être la mesure à mettre en place en premier.
Un mot un peu barbare est sur toutes les lèvres en ce moment: Algorithme. Ce nouveau filtreur de l’information sur les plateformes numériques nous connaît bien (voire même mieux que notre meilleur ami). Sa présence accrue fait réfléchir à une nécessaire refonte du système des médias. Celle-ci doit passer par une réorganisation des newsrooms. C’est-à-dire la mise en place d’équipes de gestion de données. Ces dernières auront comme tâche d’analyser des données brutes, de les trier et de les mettre en valeur. Pour être mieux maîtrisé, il est primordial que le fonctionnement des algorithmes soit compris dans son ensemble. C’est le point de vue défendu par Mathew Ingram, chef digital pour le Columbia Journalism Review.
L’émotion au coeur du système
Pour la journaliste autrichienne Ingrid Brodnig, les contenus émotionnels sont à la base de tous les calculs. En effet, les utilisateurs des réseaux sociaux ne sont en aucun cas rationnels. Ils partagent, likent et commentent des contenus en fonction de leurs émotions du moment et non en fonction de la qualité informationnelle.
« Si vous avez une histoire très juteuse qui n’est pas fascinante mais émotionnelle, vous aurez peut-être un millier de likes sur Facebook. »
Comme le montrent les recherches d’Ingrid Brodnig, plus de la moitié des réactions des populistes sur Facebook se traduisent par des émoticônes énervés. Un cercle vicieux s’installe. L’algorithme proposera à ces utilisateurs toujours plus de contenus qui risquent de les énerver. Comme le relève Mathew Ingram, beaucoup d’utilisateurs ignorent que Facebook trie les informations proposées dans le fil d’actualité. Tout d’abord, car ce terme pose un problème de compréhension. Flou, trop scientifique, rares sont ceux qui voient précisément de quoi il s’agit. Il serait donc nécessaire de l’adapter au grand public, et de passer d’un langage scientifique à un langage standard. Ce sera aux journalistes de déclencher cette prise de conscience.
En imposant certains types de formats, les algorithmes empêchent les utilisateurs d’avoir une opinion nuancée. Par exemple les sondages (comme ceux que l’on trouve sur Instagram) réduisent l’opinion en deux possibilités: oui ou non (pour ou contre). Réinventer le journalisme: c’est redonner le pouvoir aux êtres humains.
Du positif aussi
Tous les journalistes ne sont pas du même avis quant aux menaces que représentent l’omniprésence des algorithmes. Dans la vidéo ci-dessous, la spécialiste du data journalism, Ingrid Brodnig, nous explique leurs apports au sein des rédactions.