L’élargissement des autoroutes serait “anti-social”

Le 24 novembre 2024, le peuple suisse se prononcera sur le projet d'aménagement des routes nationales. (Photo: KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

Associés à une coalition contre l’élargissement des autoroutes, SolidaritéS et le Parti ouvrier populaire (POP) estiment que le projet est “anti-social”. Selon eux, cette extension répond principalement aux besoins des plus riches et creuse les inégalités sociales.

“Plus d’autoroutes, c’est plus d’exclusion sociale”, affirme Julien Gressot, président du POP neuchâtelois, lors d’une conférence de presse donnée vendredi 25 octobre à Neuchâtel. Parmi les opposants au projet, SolidaritéS et le POP dénoncent les risques pour la cohésion sociale induits par le projet d’extension des autoroutes, soumis en votation populaire le 24 novembre. Ce dernier prévoit six aménagements autoroutiers, dont un entre Nyon et Le Vengeron. Le Conseil fédéral et les partis de droite soutiennent cette étape d’aménagement des routes nationales, mais un référendum facultatif a abouti. 

« Le projet renforce une société à deux vitesses. »

Julien Gressot, président du POP Neuchâtel

Exclure les plus pauvres

Selon eux, dépenser de l’argent dans l’élargissement des routes revient à favoriser la mobilité individuelle, qui profite aux personnes les plus aisées ayant les moyens de se déplacer en voiture. La gauche radicale considère aussi que, même si les projets sont financés par un fonds destiné uniquement aux aménagements routiers, ces dépenses s’effectuent au détriment de la mobilité collective. Ils soutiennent que cet aménagement détourne de l’argent qui aurait pu être investi dans des projets routiers destinés aux agglomérations, qu’ils jugent prioritaires. 

Pour soutenir l’argument selon lequel ce projet répondrait principalement aux besoins des personnes aisées, Mila Meury (SolidaritéS) se base sur un sondage de la SSR qui indique que plus les revenus sont élevés, plus le soutien à l’extension autoroutière augmente.

Julien Gressot critique aussi ce projet, car il “renforce la vision d’une société à deux vitesses”. D’une part, parce qu’il pense que les terres agricoles bétonnées par les voies supplémentaires feront augmenter le prix de la nourriture locale en raison de la baisse de la production agricole. Le projet prévoit pourtant de compenser les agriculteurs expropriés en leur rendant la même surface de terres agricoles. D’autre part, il affirme que l’extension des autoroutes augmentera les prix de l’immobilier alentour, suite au renforcement de l’attractivité de ces zones. Selon lui, les personnes les plus pauvres devront s’éloigner et parcourir davantage de distance pour aller au travail. “Encore une fois, cela exclut les plus pauvres de la société parce qu’ils auront plus de difficultés à consommer localement et durablement”, assure le président du POP neuchâtelois.

Pas de vision à long terme

Les opposants ont aussi dénoncé l’inefficacité du projet et son manque de vision à long terme. Selon Marc Fatton, membre de l’association Transport et environnement, les bouchons se déplaceront juste à l’entrée des villes. Fabien Fivaz, conseiller national neuchâtelois pour les Vert-e-s, assure que lorsque les travaux seront terminés, le réseau sera toujours saturé à cause de l’augmentation du trafic routier. 

Les opposants ont aussi déploré le signal envoyé aux générations futures en termes de mobilité et durabilité. Zoé Nater (jeunesse socialiste neuchâteloise) se dit “très inquiète de la conception de la mobilité d’avenir en Suisse ».

Par Dario Mercolli
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « Atelier presse I », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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