ÉDITO
Dès ce matin du mardi 23 avril, l’AJM est en ébullition. Une trentaine de jeunes journalistes fourmille entre les salles de plusieurs bâtiments. Ils sillonnent les couloirs, tantôt à la recherche d’un lieu où s’installer, tantôt sur les pistes d’une nouvelle idée. Sur les lèvres, c’est le temps qui passe, les relations intergénérationnelles et les préjugés sur la vieillesse que l’on peut deviner. Eh oui, si les apprentis journalistes de la Volée 16 se réunissent pour trois jours, c’est pour tenter de répondre à une question: c’est quoi vieillir en 2024?
Aux premiers abords, l’ironie est saisissante. Comment cette équipe dont la moyenne d’âge ne dépasse même pas les 25 ans pourrait-elle parler de la vieillesse avec sérieux? Et pourtant, lorsqu’on se rapproche un peu, tout s’éclaire. Il y a leurs yeux qui brillent de curiosité, les débats qui fusent au sein des rubriques et les regards nouveaux posés sur des thématiques à la peau dure. Dans nos vidéos et nos podcasts, c’est donc à la vieillesse et à son compagnon «le temps qui passe» que nous tendons nos micros. Alors maintenant, on respire un bon coup, et on prend un peu de recul.
Même si elle nous fait perdre plusieurs heures par jour à errer à travers les méandres d’Instagram, notre éducation sous le regard des réseaux sociaux nous aura au moins permis une chose: s’habituer aux pas de côté. On a beau parler de l’uniformisation de la pensée, des bulles de filtres et de la montée des extrémismes, nous n’aurions certainement jamais connu une telle ouverture de la parole sur différents tabous sans l’essor des GAFAM. C’est une relation amour-haine, certes, mais parfois, il faut aussi la célébrer. Sans l’essor des réseaux sociaux et des formats qui les accompagnent, on ne verrait pas sur notre page Instagram des sujets sur les tabous associés à la ménopause, sur l’acceptation parfois difficile d’une calvitie, ou encore sur celles et ceux qui décident de mener leur jeunesse à contre-courant.
L’anonymisation de la parole pour la libérer et les convergences d’expériences personnelles aux quatre coins du monde sont autant de nouvelles facettes du journalisme qui, une fois réunies, nous permettent d’élargir nos horizons. Moi qui ai grandi dans les vagues de #MeToo, je me réjouis que pour trois jours, ma rubrique s’attaque à d’autres non-dits, les #préjugés qui balisent la vieillesse en 2024. Certes, on ne changera pas tout à grands coups de hashtags, mais tous ces outils sont là, alors autant en profiter.
Par Margaux Krieg
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “Production de formats journalistiques innovants”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.