Un festival unique en ses genres

Plus de 70 créations originales seront présentées lors du LUFF, festival de cinéma et musique underground de Lausanne, du mercredi au dimanche. Retour sur la nature de ces créations dites underground.

L’artiste de musique noise expérimental Arma Agharta est présent vendredi au festival. Crédit : LUFF, Facebook

Avec conviction et depuis plus d’une vingtaine d’années, le festival de cinéma et musique underground lausannoise (LUFF) défend les productions artistiques qui échappent aux conventions. Il souhaite rendre visibles les créations qui passent sous les radars des grandes productions et celles qui seraient réservées à un public de niche. Sans s’accaparer les œuvres, le LUFF se réapproprie le casino de Montbenon et ses salles. Espaces qui ne sont originellement pas destinés à l’exposition d’ovnis culturels. Pour la première fois cette année, un espace « OFF » gratuit produira des artistes dans un chapiteaux. Dans l’ensemble de ces lieux, les frontières sont effacées pour laisser place à des artistes en provenance de pays des quatre coins du monde : New York, Italie, Suède, Japon… Toutes et tous sont conviés pour la même raison, c’est-à-dire leur création originale dite undergound

« Ce sont des gens qui créent des oeuvres par nécessité »

Julien bodivit, organisateur

Contre la culture de masse

Julien Bodivit, un des fondateurs du LUFF, revient sur la particularité de ces productions artistiques. « L’underground a fortement évolué depuis les années 60, années durant lesquelles il est né en réaction aux grosses productions ». Les créations underground ont évolué en fonction des moyens de production et de diffusion, de par la démocratisation d’internet. Pour Julien Bodivit, une création underground n’a pour intérêt que sa propre existence. Autrement dit, ce sont des œuvres qui ne sont destinées à personne, si ce n’est leur créateur·trice. « Ce sont des gens qui créent des œuvres par nécessité ». L’investissement en termes de temps et d’argent ne doit ainsi pas forcément être rentabilisé. 

Ces œuvres se distinguent par leur opposition au système de production actuel, la capitalisation sur un produit, car elles n’ont pour objectif que leur existence, leur diffusion et, en dernière instance, leur réappropriation. Elles échappent, volontairement ou non, aux productions de masses. Néanmoins, le fondateur précise que la définition ne fait pas l’unanimité dans le comité ; la notion varie. Les créations choisies par l’organisation sont habituellement des « coups de cœur », des fascinations personnelles, résultant de prises de contact, de créations de réseaux et de recherches menées parfois durant une année.

Public large, discours consensuel

Différente de l’offre des cinémas, de la radio et des festivals grand-public, la programmation du LUFF attire deux types de public, les aficionados de l’événement, ainsi que les curieux·euses. Aussi variées ces personnes soient-elles, lorsqu’on leur demande comment elles définissent la nature underground, leur réponse fait souvent référence au même imaginaire. « Pas tout public », « moins commercial », « étrange », « choquant », l’underground semble être perçu comme quelque chose qui ne plairait pas au premier abord. On peut entendre d’une festivalière : « Ce sont des sujets de société montrés de façon moins gênée qu’à la normale ».

A l’instar de Julien Bodivit, le public souscrit à la démarche du LUFF par l’envie de découvrir des œuvres qui ne se voient nulle part ailleurs. L’underground apparaît comme un vecteur d’intrigue, de la volonté de s’émanciper l’instant d’un festival, d’un soir, d’une projection, de la « normale » – cette idée ineffable à laquelle on s’oppose volontiers.

Par Raphaël Dubois
Crédits images : LUFF
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours « écritures informationnelles », dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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