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Les urnes et le pavé

Volunteers of "Extinction Rebellion" lie down in front of the Federal Palace of Switzerland simulating death, during an action of non-violent civil disobedience in homage to the victims of past, present and future ecocides, launched by the movement "Extinction Rebellion", on the Bundesplatz in front of the Swiss parliament in Bern, Switzerland, on Thursday, June 6, 2019. (KEYSTONE/Anthony Anex)

Commentaire – Ils se mettent en infraction, prennent le risque d’être condamnés par la justice et ceci au nom d’une prise de conscience générale de l’opinion publique. Les militants du climat sont au coeur d’une série de procès pour des actes de désobéissance civile très médiatisés dans le canton de Vaud. Ils partagent un constat : le gouvernement s’est montré et se montre encore incapable de prendre des mesures pour faire face à l’urgence climatique. Alors ils désobéissent, bloquent des carrefours et occupent des banques. Et finissent parfois au tribunal. 

Ces modes d’action controversés questionnent la place de la désobéissance civile au sein de notre démocratie directe. Dans un système où l’avis du peuple est régulièrement sollicité, la politique doit-elle se cantonner aux urnes ? Ou peut-elle aussi se faire dans la rue ? L’argumentaire selon lequel la désobéissance civile est incompatible avec la démocratie directe est populaire. Car si ce système permet aux citoyens et citoyennes de gouverner et que la volonté générale prime, alors les minorités n’ont pas à dicter leurs lois. Encore moins dans la rue. 

Pourtant, la désobéissance civile s’inscrit bien dans le cadre démocratique. Le terme lui-même est fort de sens. Les activistes qui y ont recours reconnaissent bien la validité des institutions démocratiques et c’est justement parce qu’ils les reconnaissent qu’ils sont en mesure de leur désobéir. Le processus de désobéissance civile, de l’action au procès jusqu’à l’éventuelle condamnation, est perçu par ces militants comme l’ultime recours pour que leurs revendications soient mises à l’agenda politique. Car passer par la voie traditionnelle est non seulement coûteux mais aussi plus lent. Les campagnes sont chères et peu d’initiatives populaires conquièrent finalement le corps électoral. 

La politique institutionnelle prend du temps. Du temps que la planète n’a pas, selon les scientifiques. C’est donc au son du pavé que les défenseurs du climat font entendre l’urgence de leur cause. Pendant que la politique des urnes continue, à son propre rythme.

par Laura Manent

Crédits photo © KEYSTONE ATS

Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “Atelier presse”, dont l’enseignement est dispensé collaboration avec le CFJM, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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