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“Misère rime souvent avec galère” : la soupe au caillou veut mettre fin à la pauvreté et sauver la planète

L’Association de Défense des Chômeurs de Neuchâtel s’est mobilisée à l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère, dimanche 17 octobre. Au menu : une soupe au caillou, un concert et une table ronde. L’occasion de parler d’inégalités sociales, de décroissance et des différentes facettes de la pauvreté.

En Suisse, 735’000 personnes sont touchées par la pauvreté selon l’Office fédéral de la statistique. Un chiffre en hausse ces dernières années. L’Association de Défense des Chômeurs de Neuchâtel (ADCN) s’est mobilisée à l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère. Un rendez-vous annuel pour visibiliser la pauvreté et créer du lien.

Au collège de la Promenade de Neuchâtel, une quarantaine de personnes de tout âge ont mangé une soupe au caillou en musique avant une table ronde.

L’association a invité quatre personnalités neuchâteloises engagées pour le climat et dans le social pour débattre du thème de la journée mondiale :

« Mettons fin à la pauvreté persistante en respectant toutes les personnes et notre planète ». L’occasion de parler d’inégalités sociales, de décroissance et des différentes facettes de la pauvreté.

La table ronde a permis de débattre des moyens d’actions pour la planète et contre la pauvreté. Cliquez sur les éléments interactifs pour en apprendre plus sur les intervenants.

Des inégalités à combattre

La lutte contre le capitalisme pour réduire les inégalités a occupé une bonne partie des discussions.


On demande aux pauvres de se serrer la ceinture, alors que les plus grands capitalistes se paient des voyages dans l’espace

Julien Binggely, directeur du guichet social du Littoral Ouest et militant POP, lors de la table ronde

Julien Binggely, directeur du guichet social du Littoral Ouest et militant POP, explique lors de la table ronde : « Des milliards de gens manquent de tout. On demande aux pauvres de se serrer la ceinture, alors que les plus grands capitalistes se paient des voyages dans l’espace. Il y a une indécence, une obscénité là-dedans, c’est un discours qui me remue les tripes ».

Son argumentaire défend un « communisme réinventé ». Il fait réagir un homme du public : « Je ne suis pas d’accord, j’ai vécu sous un régime communiste, ce n’est pas la solution. Je suis pour un capitalisme contrôlé ».

Décroître, sans retour à la pauvreté

La discussion a aussi abordé la question de la décroissance. Robin Augsburger, militant de la Grève pour le climat, explique au public que les précaires, alors qu’ils polluent très peu, seront les plus touchés par la crise climatique.

Pour lui, «La décroissance est donc le seul moyen d’éviter la misère. Mais elle n’est pas forcément un retour à la pauvreté. Il faut redistribuer massivement les richesses à la collectivité ».

Fabien Fivaz, conseiller national Vert, rebondit sur les propos du gréviste du climat. « C’est un dogme de penser qu’il faut une croissance continue pour sortir les gens de la pauvreté, créer des emplois et de la richesse ». Interviewé en marge des débats, il pointe les problèmes de répartition des richesses et la nécessité d’une justice sociale dans la lutte climatique (à écouter ci-dessous).

Les multiples facettes de la misère

L’échange a aussi été l’occasion de définir la misère, une notion parfois floue. L’ADCN, pour la table ronde, la définit comme « la nécessité d’être assisté par la collectivité pour assurer les besoins de base ». 

Sur son site, Caritas Suisse explique ces besoins de bases comprennent non seulement le revenu, mais aussi le travail, la formation, le logement, les contacts sociaux et les loisirs.


Misère rime souvent avec galère. On trime, et on doit souvent ramer, mais souvent dans le vide

Carolina Pillonel, militante pour l’association sociale pour Neuchâtel, témoigne lors de l’échange

La misère est aussi une situation vécue concrètement. Carolina Pillonel, militante pour l’association sociale pour Neuchâtel, témoigne lors de l’échange : « Misère rime souvent avec galère. On trime, et on doit souvent ramer, mais souvent dans le vide ». Une situation, explique-t-elle, qui s’accompagne souvent d’un sentiment de honte à combattre.

Photo en Une : Mathias Délétroz. Service de la soupe au caillou.

Mathias Délétroz
Ce travail journalistique a été réalisé pour le cours “écritures informationnelles”, dans le cadre du master en journalisme de l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel.

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